Depuis mars 2025, une Commission d’enquête parlementaire travaille à l’Assemblée nationale sur les effets psychologiques des réseaux sociaux, et en particulier de TikTok, sur les mineurs. Son but est d’analyser l’impact de ces plateformes sur la santé mentale des jeunes, mais aussi de proposer des pistes de régulation.
Cette semaine, plusieurs personnalités influentes du web ont été entendues. Parmi elles figurent Nasdas, l’influenceur le plus populaire de Snapchat qui compte plus de 9 millions d’abonnés, Manon et Julien Tanti, stars de la télé réalité et influenceurs pionniers, ou encore Alex Hitchens, créateur de contenu controversé, très suivi sur TikTok.
Pourquoi eux ?
Les députés souhaitent avoir une vision d’ensemble, pas seulement scientifique ou politique. En entendant ceux qui créent les contenus que les jeunes consomment au quotidien, ils espèrent mieux comprendre les dynamiques de viralité, d’addiction, et de construction de l’image de soi à l’adolescence.
Voici ce qu’ils ont dit :
Hugo Travers, journaliste et créateur du média HugoDécrypte, interrogé lui aussi lors de la commission d’enquête, a insisté sur l’importance de proposer un contenu éducatif et fiable, tout en reconnaissant que la logique algorithmique pousse souvent les vidéos les plus sensationnalistes, au détriment du fond. À la question, faut-il interdire TikTok aux moins de 15 ans, il a répondu ne pas être à l’aise avec cette idée, soulignant la complexité de faire respecter cette interdiction.
Alex Hitchens a alerté sur la pression algorithmique : « Si tu veux rester visible, tu dois poster tout le temps, et parfois faire des choses que tu ne ferais pas autrement ».
Julien et Manon Tanti ont assumé leur rôle de figures médiatiques, tout en affirmant qu’ils s’efforcent de montrer « aussi des valeurs familiales et positives ».
Nasdas, suivi par des millions de jeunes, a affirmé vouloir « motiver les jeunes » mais a admis que certains contenus viraux peuvent « échapper au contrôle ».
AD Laurent affirme n’avoir jamais encouragé “un public mineur à consommer du contenu inadapté” et reconnaît toutefois partager lors de ses lives des liens vers son contenu pornographique mais selon lui, cela relève de la responsabilité des parents et de Tiktok plutôt que de la sienne.
La direction générale de TikTok, quant à elle, a adopté une posture défensive et volontariste : elle affirme la protection des mineurs comme priorité, souligne ses efforts techniques et de modération, mais reconnaît les limites du système. Elle insiste sur des exemples de contournement par les utilisateurs, dénote une certaine difficulté à sanctionner tous les contenus problématiques.
Le constat partagé
L’utilisation intensive de TikTok, Instagram ou Snapchat peut avoir des effets délétères sur la santé mentale des mineurs : troubles anxieux, troubles du sommeil, perte d’estime de soi, comparaison permanente…
Les experts auditionnés auparavant ont aussi évoqué des algorithmes qui enferment les utilisateurs dans des bulles, une surexposition à des modèles irréalistes, et l’absence de véritable éducation au numérique.
Les objectifs de la commission
Cette commission d’enquête, présidée par la députée Caroline Janvier, doit rendre des recommandations d’ici l’automne. Parmi les pistes envisagées :
- Renforcer la régulation des contenus violents ou sexualisés,
- Limiter l’accès aux plateformes aux moins de 15 ans,
- Créer un label pour les créateurs responsables,
- Intégrer l’éducation aux réseaux sociaux dans les programmes scolaires.
Les implications
C’est une des premières fois en France qu’un travail législatif de cette ampleur cherche à croiser la parole d’influenceurs, de médecins, de psychologues, de sociologues, et de politiques pour traiter un enjeu générationnel majeur.
Ce qu’il faut retenir :
TikTok et les réseaux sociaux ne sont pas neutres. Leur conception algorithmique a un impact direct sur la santé mentale des mineurs. Les influenceurs jouent un rôle structurant, parfois bénéfique, parfois problématique. L’État cherche à mieux encadrer ces pratiques, tout en respectant la liberté d’expression.
De nombreuses questions sont soulevées, à savoir, l’État doit-il intervenir davantage pour protéger les jeunes en ligne ? Ou cela doit-il passer d’abord par l’éducation ?